Le 16 novembre 2023 • Mis à jour le 27 février 2024
Créé en 2016 en Seine-Saint-Denis, au cœur du Grand Paris, l’Etablissement Public Territorial Est Ensemble rassemble 9 villes (soit 408 000 habitants) autour d’un projet de territoire ambitieux qui met au centre le climat et la justice sociale. Faire société dans la diversité, organiser les services d’intérêt collectif, donner toute leur place aux fabriques et aux entrepreneurs, multiplier les accès à l’emploi et mettre l’innovation au service de la réduction des inégalités sont autant de priorités à adresser pour développer le territoire de manière plus écologique et plus solidaire.
Dans ce contexte, l’inscription d’Est Ensemble dans le programme « Territoire Engagé Transition Ecologique » porté par l’Agence de la Transition Ecologique (ADEME) prend tout son sens.
A l’échelle métropolitaine, Est Ensemble est la première collectivité signataire d’un contrat d'objectifs basé sur la progression dans le programme Territoire Engagé Transition Ecologique (COT), signé avec l’ADEME Île-de-France. Mais cette démarche d'accompagnement et de reconnaissance des actions et des progrès réalisés pour répondre aux enjeux de transition écologique s’inscrit, en fait, dans un continuum.
Dès 2017, en effet, un premier Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) avait été adopté par les élus d’Est Ensemble. Il a été complété, deux ans plus tard, par un plan Economie circulaire volontaire, créant ainsi les premières transversalités dans la mise en œuvre de la transition écologique. Depuis 2021, Est Ensemble est aussi lauréat de l’Appel à Manifestation d’Intérêt CITEC (également coordonné par l’ADEME). Par ce biais, la collectivité a pu expérimenter concrètement la mise en synergie des programmes Cit’ergie et Economie circulaire.
Dans un contexte de réorganisation des services visant à remettre l’expertise « transition écologique » au sein même des directions opérationnelles de l’Etablissement Public Territorial, le programme permet à présent d’aller encore un pas plus loin en apportant, de manière combinée, un soutien financier mais aussi du conseil technique et méthodologique sur mesure. « Est Ensemble, c’est un territoire populaire, sur lequel les investissements ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu’ils devraient être » explique très vite Véronique RAGUSA BARTOLONE, Directrice de l’environnement et de l’écologie urbaine. « C’est aussi, du coup, un territoire qui a l’habitude de chercher à se développer de manière créative et ingénieuse, qui mobilise des énergies et des volontés qu’on ne trouverait pas ailleurs de la même manière, je pense. Dans ce contexte, l’ADEME est un allié qui nous accompagne depuis le début, en nous poussant constamment à nous dépasser, à chercher à inventer de nouveaux projets, de nouvelles manières de faire. Aujourd’hui, le COT légitime encore davantage notre démarche, en nous donnant les moyens de nos ambitions dans un contexte de contraction budgétaire qui, sans ce soutien de l’ADEME, n’aurait sans doute pas permis de financer l’ensemble des postes nécessaires pour conduire efficacement notre politique » conclut-elle, lucide.
Véronique RAGUSA BARTOLONE, Directrice de l’environnement et de l’écologie urbaine
En pratique, et au-delà de l’enveloppe financière, le programme Territoire Engagé Transition Ecologique permet à Est Ensemble de bénéficier d’outils pour avancer de manière progressive. Les référentiels d’action « Climat Air Energie » et « Economie circulaire » sont, sans conteste, les fleurons de ce dispositif : « la structure des référentiels élaborés par l’ADEME est précieuse. Elle constitue un fil conducteur solide pour entamer un travail de planification. C’est la raison pour laquelle il me semblait important de pouvoir m’y former » remarque Carole JANNETEAU, Chargée de mission Résilience & Sensibilisation. « J’ai ainsi suivi, en juin dernier, le module dédié à la prise en main du référentiel Climat Air Energie. C’est très technique, évidemment, car la mécanique interne d’un référentiel n’est pas nécessairement simple à appréhender. Par ailleurs, il est illusoire de croire que l’on ressort de la formation en étant tout à fait capable de passer à l’action dès le lendemain. Mais une fois qu’on a compris, on a toutes les clés en main pour adapter la démarche à son propre contexte. » « Au-delà des questions transversales qu’ils soulèvent, les référentiels, dans leurs axes sectoriels, se révèlent aussi une vraie source d’inspiration pour nourrir concrètement notre politique avec des actions éprouvées et qui font sens » renchérit Véronique RAGUSA-BARTOLONE. « Par exemple, le PCAET actuellement en révision sera refondu en collant strictement à la grille de lecture offerte par le référentiel de l’ADEME. Certains indicateurs seront utilisés également » confirme-elle.
Carole JANNETEAU, Chargée de mission Résilience & Sensibilisation
Même si l’objectif, à terme, reste l’autonomisation des collectivités dans la conduite de leur feuille de route pour la transition écologique, le programme Territoire Engagé offre également la possibilité de recourir à un accompagnement complémentaire, sous la forme de coaching personnalisé, de formations ou de participation à des événements de réseau. A cet égard, Est Ensemble a, par exemple, bien compris l’intérêt de faire challenger sa démarche par des conseillers externes : « En fin d’année dernière, lorsque nous avons travaillé sur l’élaboration du programme d’actions du PCAET, nous avons organisé plusieurs ateliers thématiques avec les différentes directions opérationnelles d’Est Ensemble. Nos conseillers, Mélissa Poutrain et Sébastien Denis [des bureaux d’études BL Evolution et Equineo], nous ont aidés, à la fois au stade de la préparation et de l’animation » explique Carole JANNETEAU. « Comme leur expertise métier est poussée, les échanges ont été très qualitatifs. Leur regard extérieur, leur capacité à jouer l’avocat du diable, à contredire lorsque cela était utile, a réellement fait monter le curseur. » La connaissance fine de retours d’expériences issus d’autres territoires est encore un atout à mettre à l’actif des conseillers : « C’est stimulant de savoir ce qui se fait ailleurs, ce qui a pu être testé, ce qui a marché ou n’a pas marché. Cela, les conseillers le savent et le transmettent, avec le souci d’adapter les enseignements à notre réalité locale. Cela nous permet d’éviter les pièges et de gagner du temps. Je pense notamment à des thèmes comme les transports ou la rénovation thermique des logements pour lesquels leurs apports ont été importants » précise en écho la directrice de l’environnement et de l’écologie urbaine d’Est Ensemble.
Cette recherche permanente de benchmark se traduit aussi par la participation de l’EPT à des activités de réseau, telles que les Journées Nationales des Collectivités organisées par l’ADEME à Toulouse le 14 septembre dernier. L’ensemble des territoires engagés dans le programme Transition Ecologique y avaient, en effet, été conviés pour échanger, partager et co-construire. « Les réseaux sont précieux pour les collectivités » confirme Véronique RAGUSA-BARTOLONE. « Un tel rendez-vous permet de (re)créer des liens, de mieux comprendre ce que font les autres, comment ils le font et avec quels résultats. Cela permet aussi de relativiser. Nous nous reposons sur de nombreux réseaux, à des échelles variées, mais ceux orchestrés par l’ADEME restent, bien entendu, une source d‘information prépondérante pour nous. »
Les résultats sont là : déjà labellisé 2 étoiles sur le volet Climat - Air – Energie, Est Ensemble est aussi le premier territoire francilien à décrocher 3 étoiles sur le volet Economie circulaire et à mettre à son actif plusieurs démarches et actions remarquables, le plus souvent menées en partenariat avec des acteurs locaux. De quoi rendre fière et booster toute une équipe : « Pour nous, ce COT, c’est une référence au quotidien. Je pense d’ailleurs que si nous ne travaillions pas dans ce cadre-là, nous avancerions beaucoup moins vite. C’en est même impressionnant : en interne, quand je dis d’une action qu’elle fait partie du COT que nous avons signé avec l’ADEME, cela change réellement le regard porté » remarque Véronique RAGUSA-BARTOLONE.
Pour autant, la reconnaissance et les étoiles ne tournent pas la tête aux directions d’Est Ensemble : « Pour moi », nuance la Directrice de l’environnement et de l’écologie urbaine, « la labellisation, c’est d’abord un outil technique, un guide pour l’action, un stimulus qui pousse à aller plus loin dans une saine compétition. Les techniciens ont toujours besoin de comparatifs pour avancer, et c’est une manière de valoriser leur travail de façon objective. Mais ce qui compte le plus, cela reste de mettre l’action au service de l’usager, du citoyen. La recherche de récompense vient loin derrière. »
Propos recueillis par Nathalie Ricaille.