Panorama de la ville de Digne-les-Bains, ville-centre de Provence Alpes Agglomération
Crédit photo : Laurence Poulange

Provence Alpes Agglomération s’engage pour la transition écologique : une feuille de route ambitieuse pour un territoire qui sait où il va

Le 13 décembre 2023 • Mis à jour le 27 février 2024

Logo de Provence Alpes Agglomération, écrit en bleu et vert

Issue de la fusion de 5 communautés de communes, Provence Alpes Agglomération est une jeune collectivité, créée le 1er janvier 2017. Elle regroupe 46 communes pour près de 48.000 habitants, soit un tiers de la population du département des Alpes de Haute-Provence. Au sein du pôle Aménagement et développement territorial, le service Transition écologique déploie et coordonne, depuis fin 2021, le développement du programme Territoire Engagé Transition Écologique, adossé à des financements de l’ADEME : un Contrat d’Objectif Territorial (COT). Une démarche exigeante sur « un vaste territoire où il y a beaucoup de défis à relever et souvent peu de moyens, mais qui fourmille de projets et d’ambitions, portées par des élus et des services qui y croient » comme le dit lui-même Nicolas MAUREL, responsable du service Transition écologique. Nous l’avons rencontré, avec Mathilde JIMENEZ, chargée de mission Transition écologique et Projet Alimentaire Territorial.

D’emblée, le décor est planté : nous avons affaire à un tandem particulièrement complémentaire dans l’action : « Des compétences scientifiques et relationnelles fortes sont nécessaires pour conduire la mission qui nous est assignée » explique Nicolas MAUREL. « Moi, j’étais initialement en poste dans l’une des intercommunalités aujourd’hui fusionnées. J’y avais déjà élaboré et conduit un Plan Climat, tandis que pour Mathilde, il s’agit d’un premier poste. Jusqu’à son arrivée, j’étais seul dans le service. Mathilde est engagée, elle sait comment communiquer, faire passer des messages… Moi, j’amène mon expérience et le regard d’une autre génération. Nous avons des styles qui se complètent bien. Être deux à la manœuvre est réellement déterminant pour l’avancement du travail à mener dans le cadre du COT, tout comme le soutien des élus, dont au premier chef notre vice-Présidente Sandrine COSSERAT, dont la détermination a été clé dans la décision de Provence Alpes Agglomération de s’engager. »

Photo de groupe

De gauche à droite : Nicolas MAUREL (PAA), Cécilia FLORIT (ADEME), Patricia GRANET-BRUNELLO (Présidente de PAA), Cécile CHERY (ADEME), Sandrine COSSERAT (Vice-Présidente de PAA), Mathilde JIMENEZ (PAA), Renaud ROUQUETTE (PAA)

Car les défis sont nombreux, à commencer par l’appropriation de la démarche par les services eux-mêmes : « Construire une vision et une démarche commune autour de la transition écologique est notre idéal, ce qu’on veut vraiment réussir à faire » explique Mathilde JIMENEZ. En effet, si le PCAET (engagé dès la création de l’Agglo et aujourd’hui en phase de révision) est sans doute le premier document formalisé qui a fédéré les équipes autour d’un projet commun, aucune sanction n’y est attachée en cas de non-respect des objectifs fixés. « Ici, dans le cadre du COT » explique-t-elle encore, « il y a un vrai enjeu à faire comprendre à tous que c’est ensemble qu’on réussira et qu’en revanche, si certains services boudent, ne jouent pas le jeu ou pire, s’engagent mais finalement ne suivent pas, c’est toute la collectivité qui va en pâtir. Il y a donc une véritable dimension collective et transversale à faire apparaître pour embarquer tout le monde. » Pour cela, il a fallu trouver à la fois une posture, une pédagogie du processus engagé et des argumentaires pour convaincre : « Très vite, nous avons compris qu’il était illusoire d’imaginer que nos collègues s’approprient la mécanique des référentiels de l’ADEME, qui ont – soyons honnêtes - un côté très « techno », avec des chiffres, de la métrique, des preuves à apporter, etc. De toute manière, ce n’est pas leur boulot mais le nôtre, à Mathilde et à moi. Il fallait donc aller vers eux d’une autre manière » reconnaît Nicolas MAUREL.

Même s’il n’existe sans doute pas de recette-miracle, Mathilde JIMENEZ en livre malgré tout certains ingrédients : Pour être plus concrets et plus efficaces, et après plusieurs essais-erreurs, voici la manière dont nous leur présentons désormais les choses : au démarrage, il y a un audit qui fixe une note. A partir de cette note, la progression à atteindre est fixée. Ensuite, ensemble, il s’agit de mettre en place la démarche qui permet d’aller vers ce résultat escompté, en priorisant les actions et en répartissant l’enveloppe financière au regard de ces priorités, notamment. Et c’est là qu’ils entrent en jeu ! Mais le chemin se construit aussi en faisant. Les choses ne sont pas inscrites à l’avance. C’est pour cela que c’est expérimental : on teste des choses, on bricole, on ajuste en permanence. »

Et ça marche ! Après un démarrage plutôt timide, la mayonnaise est finalement en train de prendre : « Au début, les services ont eu du mal à comprendre pourquoi, à peine 2 ans après le lancement du PCAET, nous nous relancions dans une démarche pour laquelle ils seraient encore sollicités, des entretiens seraient à nouveaux conduits, etc. Personne ne comprenait vraiment ce que cela allait amener en plus, à part des contraintes » se souvient Mathilde JIMENEZ. « Aujourd’hui, on est clairement dans une autre dynamique car nos collègues ont compris le bénéfice direct qu’ils pouvaient aussi tirer de l’aventure COT » complète Nicolas MAUREL. « Par exemple, nous avons dû passer par un complément d’audit à la fin du mois d’août dernier, dans le cadre de notre démarche de reconnaissance. De nombreux services se sont mobilisés à cette occasion et sont venus présenter leurs actions, ce qui nous a d’ailleurs valu les félicitations de l’auditeur. »

Mais alors, qu’est-ce qui a impulsé cette évolution ? « Le PCAET pré-existant a été renourri par la démarche d’état des lieux du COT et le concept d’économie circulaire est en train d’infuser. Sur le terrain, les actions avancent, les premiers résultats commencent à être visibles, que ce soit en matière de prévention et de gestion des déchets, d’alimentation ou d’énergie-climat, les 3 grands piliers thématiques de notre COT. Cela aide clairement chacun à monter dans le train, même si chaque service ressent avec une acuité différente la pression relative mise par la feuille de route et les échéances associées. Par ailleurs, et malheureusement, le contexte global (un été brûlant, la crise énergétique) encourage aussi la prise de conscience de l’urgence à agir. Les citoyens le ressentent, nos collègues aussi. Du coup, pour notre prochain cotech, tout le monde répond présent. Je me demande même comment tout le monde va rentrer dans la salle de réunion ! » sourit avec satisfaction Mathilde JIMENEZ.

2 étoiles sur le label Climat Air Energie

Provence Alpes Agglomération est labellisée 2 étoiles sur le volet Climat-Air-Energie du label Territoire Engagé

Provence Alpes Agglomération est aujourd’hui l’une des rares collectivités engagées dans le programme Territoire Engagé Transition Ecologique à avoir finalisé sa phase 1, c’est-à-dire à avoir mis sur les rails son plan d’actions, en affichant des ambitions fortes, que ce soit sur le volet Climat Air Energie ou sur le volet Economie circulaire. Dès lors, les objectifs fixés dans le cadre du COT pourront-ils être atteints ? « C’est jouable car, même s’il faudra mettre les bouchées doubles pour rééquilibrer les volets Climat Air Energie (déjà bien engagé) et Economie circulaire (encore à développer au-delà de la seule entrée « déchets »), beaucoup d’actions sont déjà en cours » répond Nicolas MAUREL. « Si tout ce qui est programmé est implémenté comme prévu, nous atteindrons les objectifs fixés. Globalement, ça roule, donc, même si nous préférons rester modestes dans notre communication. On va dire que nous sommes débordés mais sereins. Et puis, de toute façon, notre note initiale est tellement basse qu’on ne peut que progresser ! » s’amuse Mathilde JIMENEZ.

La prochaine étape, après ce palier de mise en route plutôt « technique » sera de faire en sorte que les élus s’approprient, eux aussi, pleinement à la fois la démarche de transition écologique et les enjeux qui y sont associés. Pour cela, plusieurs initiatives ont été prises, au fil de l’eau. Ainsi, en début d’année 2023, les élus ont été invités à suivre, sous la forme d’un webinaire, un module de formation-découverte du Programme Territoire Engagé Transition Ecologique (TRANSI15), en compagnie des représentants des différents services de la collectivité. « C’est à ce moment-là » se rappelle Mathilde JIMENEZ « que plusieurs d’entre eux ont atterri, par exemple, sur ce que recouvrait réellement le concept d’économie circulaire, et compris que plusieurs actions ressortant de ce périmètre étaient, en fait, déjà en cours de déploiement. Bref, plutôt une évolution qu’une révolution, finalement, alors que le terme lui-même restait assez méconnu jusque-là. » Ensuite, en juin dernier, un atelier « Fresque du Climat » a été organisé par les Shifters à l’attention de la Présidente et des Vices-Présidents, pour leur donner les clés utiles pour s’approprier le défi de l’urgence climatique. Début 2024, une conférence sur le même thème sera proposée, cette fois à l’ensemble des élus siégeant au sein de l’Agglomération, pour stimuler leur imaginaire sur ces questions et ainsi renforcer leur capacité à porter les actions reprises au programme Territoire Engagé.

« Nous voulons atteindre nos objectifs et nous n’en démordrons pas » conclut Nicolas MAUREL. Dans tous les cas, la machine Provence Alpes Agglomération est bien lancée !

Propos recueillis par Nathalie Ricaille.