panorama champs sans arbre et ciel orageux

Le Parc naturel des Grands Causses s’engage pour la transition écologique : « Sur un territoire de projets comme le nôtre, la dynamique proposée par l’ADEME est à la fois un moyen et un accélérateur »

Le 13 décembre 2023 • Mis à jour le 27 février 2024

On a souvent tendance à associer spontanément le Programme Territoire Engagé Transition Écologique aux communautés d'agglomération et aux communautés de communes. C’est ainsi oublier que d’autres types d’acteurs peuvent également se lancer dans cette démarche volontariste, tels les parcs naturels régionaux, ces territoires de projets dont les premiers ont été créés il y a 50 ans.

En Occitanie, par exemple, le Parc Naturel des Grands Causses pilote un programme d’actions visant à faire de cette région du sud de l’Aveyron un exemple à suivre, tant en matière de transition énergétique que d’économie circulaire. Cette ambition s’appuie sur le soutien technique et financier apporté par l’ADEME, qui reconnaît volontiers le rôle moteur et fédérateur joué depuis des années par le parc naturel auprès de ses membres.

Si la reconnaissance de l’expertise du PNR des Grands Causses n’est plus à faire sur le volet Climat-Air-Energie (CAE), tout est encore à construire, en revanche, côté économie circulaire. A cet égard, le contrat signé avec l’ADEME permettra de mobiliser des ressources pour intégrer, petit à petit, cette dimension dans l’ensemble des études et projets futurs portés par le Parc pour ses EPCI et communes membres, en s’appuyant sur les atouts qui ont fait son succès jusque-là : une ingénierie disponible, la connaissance fine du terrain, des acteurs et des bonnes pratiques transférables, des modes d’intervention transversaux et une vision globale à 15 ans, traduite dans la charte du Parc votée l’an dernier.

Cocher toutes les cases de la transition écologique

« En vérité, à l’idée de nous lancer, nous n’avons vu que des avantages » explique d’emblée Séverine PEYRETOUT, élue déléguée à l’Energie et aux Mobilités, lorsqu’on lui pose la question. « C’est l’ADEME qui nous en a fait la proposition, sur base de l’expérience et de la légitimité que nous avions acquises au fil du temps, en travaillant sur les questions énergétiques avec et pour nos adhérents, dans un esprit de mutualisation des forces ». A travers sa double entrée, le programme Territoire Engagé offre donc aujourd’hui au Parc les moyens d’appliquer ses méthodes à l’ensemble des champs de l’économie circulaire. Même si cette thématique n’avait pas encore été traitée en tant que telle jusque-là, il est malgré tout à remarquer que l’une des actions du PCAET approuvé en 2019 était déjà dédiée à « tendre vers un territoire économe en ressources ». Cet enjeu majeur est également au centre de la stratégie du territoire, concrétisée par la charte du Parc 2022-2037 approuvée par les élus. L’engagement du Parc sur ce nouveau paquet d’actions s’inscrit donc dans la pleine continuité des stratégies territoriales préexistantes.

Portrait Séverine Peyretout du PNR Grands Causses

Séverine PEYRETOUT, élue déléguée à l’Energie et aux Mobilités au PNR Grands Causses

Sans compromettre le travail engagé sur le volet Climat – Air – Energie, qui a fait la réputation du PNR des Grands Causses, la feuille de route déployée dans les années à venir sera donc largement orientée « économie circulaire » , de manière à rééquilibrer l’approche et ainsi progressivement cocher toutes les cases de la transition écologique. « Le terme n’est pas encore réellement familier, que ce soit auprès des agents ou des élus » reconnaît Manon LILAS, chargée de mission économie circulaire et transition écologique. « De l’économie circulaire, chacun de nos chargés de mission en faisait un peu dans son coin jusque-là, mais sans trop le formaliser » renchérit Arnaud SANCET, Directeur général adjoint. « Aujourd’hui, avec l’appui de Manon, l’ambition, c’est d’arriver à ce que tous nos chargés de mission s’approprient le concept, s’y acculturent et partagent une vision commune les rendant aptes, ensuite, à injecter de l’économie circulaire de manière visible dans toutes nos futures actions. Pour cela, le contrat passé avec l’ADEME, qui est conditionné à l’atteinte d’objectifs, est à la fois un moyen et un accélérateur. »

Manon LILAS au micro lors de la remise des labels Territoire Engagé Transition Ecologique

Manon LILAS, chargée de mission économie circulaire et transition écologique, lors de la remise des labels Territoire Engagé 2023

Des projets concrets, des élus impliqués, des services mobilisés

Et quelle meilleure manière de le faire qu’à travers des projets concrets, qui joueront un rôle de démonstrateur et susciteront un effet d’entraînement à partir des premiers gains rapides obtenus ? Ainsi, les grands chantiers à venir seront d’abord focalisés sur le tri à la source et la gestion des biodéchets, ainsi que sur le développement du programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA), qui sera approuvé en fin d’année.

A cet égard, et sur l’idée des services techniques du Parc, un voyage d’études a été organisé il y a quelques mois à destination des membres du comité de pilotage. Le cap a été mis sur le Grand Albigeois, « l’un des rares territoires labellisés sur le volet « économie circulaire » du programme Territoire Engagé situé à proximité de chez nous » explique la chargée de mission. L’idée était de faire découvrir aux élus les initiatives menées par l’Agglomération en termes, entre autres, de réemploi et de prévention des déchets. « Cela nous semblait important de dédramatiser (notamment à travers des conversations d’élu à élu) et de montrer que c’était possible. Ce déplacement est resté dans les mémoires. Il a aussi créé des liens entre les personnes. Je sais, par exemple, que certaines de nos communautés de communes adhérentes ont poursuivi les échanges sur certains sujets ciblés comme la redevance spéciale. Ce socle de cohésion va nous permettre d’avancer à travers une dynamique collective forte » ajoute encore Manon LILAS.

Parce que l’économie circulaire, ce ne sont pas que les déchets, d’autres axes de travail seront aussi exploités, comme une action-pilote d’écologie industrielle et territoriale dans une zone d’activités économiques de Millau (sur ce thème aussi, l’expérience du Grand Albigeois a été profitable au Parc), l’accompagnement des acteurs de la restauration et du tourisme et le soutien au développement de la filière laine, particulièrement emblématique pour ce territoire qui abrite l’AOP Roquefort. Deux niveaux d’intervention sont projetés dans ce cadre, à savoir l’animation d’un réseau d’acteurs territoriaux impliqués dans la valorisation de la laine à différents niveaux, pour créer une dynamique collective et l’accompagnement au développement d’outils locaux structurants pour la filière tels que le développement d’une unité de production d’isolant à base de laine locale. Pour cela, le Parc s’appuiera également sur l’expertise des agents des services « développement économique » de ses adhérents, qui sont en lien constant avec les entreprises et savent comment leur parler et travailler avec elles.

Photo de groupe

Voyage d'étude auprès de la Communauté d'Agglomération de l'Albigeois. Crédit photo : N. Ricaille

Cette culture de l’interdisciplinarité est, par ailleurs, profondément ancrée dans les façons de faire du Parc, donc les équipes ne travaillent pas de manière cloisonnée mais, au contraire, échangent entre elles pour nourrir les dossiers transversalement : « Il y a toujours plein de manières possibles d’aborder un dossier. Là où certains vont voir une dimension en lien avec l’aménagement du territoire, d’autres identifieront une entrée « tourisme » ou « énergie » et donc quelque chose de complémentaire à apporter. Le service Finances va aussi faire sa part, etc. Avec cette instruction à 360°, les projets sont forcément plus robustes, très ancrés dans le développement durable » assure Arnaud SANCET.

Photo de groupe

Voyage d'étude auprès de la Communauté d'Agglomération de l'Albigeois. Crédit photo : N. Ricaille

Le Parc nourrit également une volonté forte d’exemplarité : « Nous partons toujours du principe que les collectivités ont le devoir de faire pour elles-mêmes ce qu’elles prônent pour les autres » martèle Séverine PEYRETOUT. « L’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, par exemple, est une façon pour la collectivité de montrer que ces surfaces de toiture peuvent aider à produire de l’énergie renouvelable. Sur le volet « économie circulaire », il y a un vrai enjeu à intégrer des clauses environnementales dans les marchés publics et à encourager la sobriété. »

La labellisation : un accélérateur pour l’action

Maintenant que la phase initiale de diagnostic est terminée, quels objectifs quantitatifs le PNR des Grands Causses se fixe-t-il dans le programme Territoire Engagé ? La réponse de Manon LILAS ne souffre d’aucune hésitation : « Pour ce qui concerne l’économie circulaire », nous ne pouvons définitivement que progresser, puisque nous partons de peu. Sur le volet CAE du programme, nous avons déduit des résultats de l’audit qu’en cumulant les projets en cours et à venir, nous avions toutes les cartes en main pour atteindre les progressions attendues, voire pour faire mieux encore. »

L’action du Parc en matière de Climat-Air-Energie a déjà été récompensée par l’obtention de deux étoiles sur l’échelle de reconnaissance de l’ADEME, et ce n’est pas anodin. Comme l’explique Manon LILAS, « même si la labellisation n’est pas une fin en soi, les élus se sentent toujours challengés et valorisés lorsque le travail que nous menons collectivement est reconnu publiquement. » Aller chercher un tel bonus sur le volet « économie circulaire » dans les années qui viennent pourrait donc aussi jouer un rôle d’accélérateur pour l’action. Avec un point de vigilance, cependant : « Lorsqu’on a mis un pied dans la course, il faut se maintenir » pointe encore la chargée de mission économie circulaire et transition écologique « car rétrograder, ce serait pire que mieux. »

Gageons que le Parc naturel des Grands Causses saura mettre le grand braquet dans les mois qui viennent pour faire de l’économie circulaire une réalité pleinement vécue et partagée sur le territoire, en donnant ainsi vie à ses ambitions.

Propos recueillis par Nathalie Ricaille.