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La Communauté d’Agglomération de Bastia rejoint le programme Territoire Engagé : « Un tel dispositif contribue à enrichir des fonctions et des compétences en les colorant avec les enjeux de transition qui sont les nôtres aujourd’hui »

Le 6 février 2024 • Mis à jour le 27 février 2024

D’une superficie avoisinant les 68 km², le territoire de la Communauté d’Agglomération de Bastia (CAB) est l’espace urbanisé de Corse le plus proche à la fois de la Provence, de la Ligurie et de la Toscane. Un peu plus de 63 000 habitants vivent sur cette bande littorale adossée à un arrière-pays montagneux combinant un fort potentiel économique et un environnement naturel de qualité.

Dès 2018, l’Agglomération s’était inscrite dans la démarche Cit’ergie, visant à réaliser l’état des lieux de la politique climat-air-énergie de la collectivité, puis à déployer un programme d’actions pluriannuel conduisant potentiellement à une forme de reconnaissance matérialisée par un label.

Quelques années plus tard, les instances de la CAB ont décidé d’élargir l’approche en intégrant la longue liste des territoires engagés Transition Ecologique, à travers le programme du même nom, porté par l’ADEME. De quoi asseoir l’Agglomération dans une stratégie opérationnelle énergétique cohérente avec les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie de l’Ile de Beauté mais aussi l’aider à affirmer sa démarche en matière d’économie circulaire.

A la CAB, la mandature en cours est définitivement une mandature de projets, comme l’explique d’emblée Leslie PELLEGRI, Vice-Présidente : « Toutes les compétences et les politiques publiques que nous menons disposent de leur propre feuille de route et de leurs propres objectifs à atteindre. Notre but est d’être une collectivité exemplaire en matière de transition écologique et d’afficher cela comme une priorité, que ce soit pour les citoyens, pour les acteurs économiques de notre territoire, pour nos communes, voire pour les autres collectivités de Corse qui nous regardent. »

Le contrat d’objectif territorial (COT) scellé en janvier 2022 (qui s’inscrit lui-même dans un contrat de relance et de transition écologique) vient, dès lors, renforcer le Projet Territorial de Transition, en lui offrant des moyens supplémentaires pour sa mise en œuvre. Particularité remarquable : le COT est effectivement porté par la CAB mais aussi par la Communauté de communes Marana Golo, sa voisine, les deux collectivités signataires étant co-responsables de l’atteinte des résultats escomptés.

Photo de portrait

Leslie PELLIEGRINI, Vice-Présidente à la Transition Ecologique. Crédits photo : CA de Bastia

La participation et l’exemplarité au cœur du projet de territoire

Pour avancer dans la concrétisation du programme Territoire Engagé Transition Ecologique, il est nécessaire de structurer et de hiérarchiser les dispositifs actifs, mais aussi de travailler les modalités de gouvernance associées. Ainsi, l’Agglomération a inscrit la participation au cœur de son approche.

Celle-ci se décline à travers des coopérations renforcées avec les territoires voisins, concernés par les mêmes enjeux de développement durable. Elle trouve aussi un écho en interne, par le biais de la modernisation et de la mise en transversalité progressive des services : « dans les points positifs que l’on peut attribuer à la démarche Territoire Engagé, c’est sans doute cet aspect qui doit être le plus mis en avant, selon moi » assure Leslie PELLEGRI. « De nombreux projets étaient déjà en réflexion ou commençaient à être engagés au moment de la signature du COT. Du coup, nous avons profité de cette dynamique pour structurer l’approche et acculturer l’ensemble des services au travail effectué par les autres. Être parties prenantes du programme a vraiment aidé les agents à faire le point sur leurs pratiques respectives, à travailler ensemble, à dégager une vision partagée et un but commun » complète la Vice-présidente.

« Un tel dispositif contribue à enrichir des fonctions, des compétences - même les plus basiques - en les colorant avec les enjeux de transition qui sont les nôtres aujourd’hui » renchérit Jean-Michel FERRY, Directeur Général des Services. Et tous les services ou presque participent à cet effort, même les services support. Ainsi, le service informatique est impliqué dans le développement d’actions de sobriété numérique, le service « achats » est engagé dans une réflexion sur l’exemplarité de sa politique et de ses modes d’action, le service des ressources humaines a intégré dans le livret d’accueil des nouveaux arrivants, des informations relatives à l’engagement de la CAB dans la transition écologique et à sa volonté d’exemplarité. « Cette dynamique induite par l’administration participe intellectuellement à la maturation des sujets et à la montée en charge de nos collaborateurs - et même de nos élus - sur ces thèmes. Pour le dire autrement, cela devient « normal » de procéder comme cela. Si je devais caricaturer un peu, je dirais qu’on est passé du génie civil au génie écologique » ajoute Jean-Michel FERRY.

Ainsi, lorsqu’il s’agira de tirer le bilan des feuilles de route pour réalimenter le projet de territoire, la mise en perspective à 2030 sera forcément riche et porteuse de sens pour tous : « Bien entendu, certaines politiques publiques de base ne seront pas remises en cause. La Direction de la collecte continuera à assurer le ramassage des poubelles, c’est évident » explique encore le directeur général des services. « Mais inclure ce service dans un exercice transversal visant le développement durable de notre territoire et sa transition écologique, donne du sens et un enjeu à l’action de gens qui n’en voient pas forcément beaucoup dans leur travail quotidien. Pour certains de nos collaborateurs, collecter les déchets, c’est simplement mettre un bac dans un camion, et rien de plus. Il nous fait dépasser cela. Le programme Territoire Engagé, comme d’autres dispositifs du même genre, participent à faire sens, en termes de stratégie : ils permettent à l’ensemble de nos agents de comprendre qu’il y a des enjeux financiers et environnementaux associés à leur action, mais aussi que certains services qui passent aujourd’hui être coûteux peuvent, demain, s’avérer producteur de ressources. C’est une nouvelle manière de raconter histoire de l’organisation et de l’administration. »

Le programme Territoire engagé, moteur pour la mise en conformité réglementaire

La phase 1 du travail à conduire dans le cadre du programme Territoire Engagé se termine. Via l’exploitation du référentiel dédié, et avec le soutien de l’auditeur missionné par l’ADEME, un état des lieux actualisé a été achevé sur le volet Climat-Air-Energie. « Dans tout contexte, il faut considérer les moyens humains à disposition » explique Leslie PELLEGRI. « Pour cette raison, nous nous étions dit que nous commencerions par activer ce volet-là, ne fut-ce que parce que nous sommes confrontés à nos obligations réglementaires. Par exemple, nous ne disposons pas encore d’un PCAET. Le COT va donc nous aider à rattraper ce retard structurel. » Le volet Economie Circulaire suivra sous peu. Il est conditionné au recrutement d’un chargé de projet dédié au programme, qui sera entériné le plus rapidement possible : « c’est nécessaire, à la fois pour alimenter le dispositif d’information, mais aussi pour animer la démarche globale et s’assurer que le travail se fait », souligne Jean-Michel FERRY. Une fois que le rapport de phase 1 aura été validé, il s’agira alors d’avancer vers la concrétisation du plan d’actions. Au moins sur le volet Climat-Air-Energie, les objectifs sont déjà déterminés. Les élus se sentent concernés, les directions sont motrices et les services, à travers leurs premiers échanges avec l’auditeur, savent vers quoi ils doivent tendre.

Bref, les conditions semblent réunies pour le déploiement rapide et pertinent d’une série d’initiatives qui feront rapidement une différence sur le territoire, permettant ainsi à la CAB de contribuer encore davantage, demain, à l’attractivité de la Corse dans l’arc méditerranéen.

Propos recueillis par Nathalie Ricaille.