Le 27 février 2024 • Mis à jour le 29 février 2024
Créée le 1er janvier 2014, la Communauté de communes Granville Terre & Mer (GTM) est située en Normandie, dans la baie du Mont Saint-Michel, à l’extrémité de la Côte des Havres. Elle est née de la volonté des élus locaux de s’unir pour construire un projet commun pour les 32 communes membres et leurs presque 47.000 habitants, qui chérissent un cadre et une qualité de vie authentiques et tiennent à les préserver. Elaboré de manière concertée avec les acteurs locaux et les citoyens, validé fin 2017 puis actualisé par les élus de la mandature en cours, le projet de territoire fixe les grandes orientations de développement à l’horizon 2030. Son ambition est claire : façonner collectivement un territoire attractif, équilibré et solidaire. Dans ce contexte, l’inscription de Granville Terre & Mer dans le programme Territoire Engagé Transition Ecologique prend tout son sens. Lancé en 2021 à travers la signature d’un contrat d’objectif territorial avec l’ADEME, l’action de la collectivité s’inscrit, par ailleurs, dans le cadre d’un contrat de ruralité, de relance et de transition écologique qui met à disposition des moyens pour agir et faire une différence.
On dit parfois que les Normands sont indécis. Pourtant, il n’y a eu aucune hésitation de la part des élus de la communauté de communes, en 2020, lorsqu’il s’est agi de réinterroger le projet de territoire, à l’entame du nouveau mandat. Comme l’explique Didier LEGUELINEL, Vice-Président à la Transition écologique, « le projet n’a pas été remis foncièrement en cause. En revanche, une coloration environnementale très forte y a été apportée, sans doute liée à l’arrivée d’élus plus jeunes et plus sensibilisés. Il y a vraiment eu une volonté de faire davantage en la matière… et le programme Transition écologique de l’ADEME a été l’outil pour le faire. »
A l’époque, l’ADEME Normandie cherchait à soutenir des territoires disposant d’une réelle marge de progrès, mais porteurs d’atouts et volontaires pour se mettre en mouvement. Granville Terre & Mer cochait toutes les cases : « Pour aborder de front les deux volets du programme Territoire Engagé Transition écologique, nous ne savions pas exactement comment faire. Mais nous savions très bien, en revanche, quel but nous souhaitions atteindre. Cette posture a été déterminante, à mon sens, de même que la manière dont nous avions commencé à travailler précédemment autour des sujets Climat – Air – Energie. Nos façons de faire et nos premiers résultats ont, je pense, pesé un poids réel dans la décision » précise encore Didier LEGUELINEL.
Il faut, en effet, raconter le cheminement atypique de Granville Terre & Mer (GTM), qui s’est d’abord engagée dans la démarche Cit’ergie, encouragée par la Ville de Granville : « Granville s’est lancée la première, puis nous avons embrayé. Je me suis, en effet, dit que ce serait stupide de regarder la Ville faire sans entreprendre une démarche concomitante à l’échelle de GTM, alors que nos enjeux sont communs » avoue le Vice-Président de la Communauté de communes, qui est aussi conseiller municipal. Par souci d’efficience et de cohérence, une chargée de mission unique, Candice DOLIGE, a été recrutée pour piloter l’ensemble, sur base d’une méthodologie similaire. Très vite, au terme de l’état des lieux, il est cependant apparu nécessaire de déployer deux plans d’actions distincts, la Ville et la Communauté de communes étant très différentes en termes de périmètre d’intervention et de légitimité, de compétences et d’identité. « Avancer à peu près au même rythme a toutefois permis de partager des questionnements identiques sur un pas de temps similaire » reconnaît Candice DOLIGE. « Cela a aussi autorisé les échanges de bonnes pratiques et facilité la sensibilisation des élus et la montée en compétence des agents. »
Sur le territoire de la ville de Granville, l’on retrouve donc aujourd’hui des actions portées en propre par la municipalité et des actions portées par GTM sur ses propres compétences. Cela dit, certaines actions peuvent être communes, malgré tout, lorsque les constats qui les fondent sont identiques et les services mutualisés : « L’exemple-type que l’on pourrait évoquer pour illustrer cela est peut-être celui du plan de mobilité interne des agents publics. Ainsi, les bâtiments de GTM sont répartis à différents endroits du territoire mais gravitent malgré tout autour de Granville. Et bon nombre de nos collègues sont directement issus des environs. En pensant les deux échelles du dispositif d’un coup, il devient alors possible de mutualiser l’organisation du covoiturage et des itinéraires cyclables, … pour renforcer les flux sur lesquels on va travailler » relève la chargée de mission Transition écologique.
Même s’il n’est pas simple de partager son temps entre deux structures publiques (« Tout agent mutualisé se doit d’avoir deux cerveaux », relève avec malice Anne-Agnès JOUBERT, Directrice générale des Services de Granville Terre & Mer), Candice DOLIGE y voit de nombreux avantages : « Parce que je bénéficie des deux visions, il m’est possible de faire les liens à chaque fois que nécessaire, de rester en alerte quant à la façon dont les deux dynamiques avancent et se renforcent, d’aller piocher les bonnes idées là où elles se trouvent et au moment opportun. »
Le terreau était donc fertile pour mettre en place une démarche élargie, dans le cadre du programme Territoire Engagé Transition Ecologique, avec le soutien plein et entier du Président de Granville Terre & Mer, Stéphane Sorre, qui porte, lui aussi, un discours très volontariste sur le sujet, à la fois au sein de l’intercommunalité et au sein de la commune dont il est le maire. « Cet engagement nous apporte beaucoup, à commencer par une méthode de travail, qui nous oblige à identifier précisément les axes et potentiels de progrès, à tenir des feuilles de route, à installer un rythme, une temporalité. Sans cette contrainte, nous aurions sans doute des velléités à appuyer d’abord sur les leviers faciles à activer et à procrastiner sur les choses qui nous paraitraient un peu plus compliquées de prime abord. Le programme nous booste et le COT nous oblige, à travers les moyens qu’il nous donne » admet sans difficulté Didier LEGUELINEL. « Nous avions aussi du retard du point de vue réglementaire (sur le PCAET, le PLPDMA). Il nous a semblé que la méthodologie proposée par l’ADEME nous permettrait d’aller plus vite et de cibler mieux ce sur quoi il était pertinent d’avancer pour se remettre dans les clous » complète Candice DOLIGE.
Ceci est particulièrement vrai pour ce qui concerne le volet « économie circulaire » du programme : « notre maîtrise du sujet était très faible en interne. Nous partions vraiment de nulle part. Il y avait donc un vrai enjeu à investir sur un diagnostic de territoire solide. La première étape a, dès lors, été de recruter un bureau d’études qui a aussi travaillé ensuite sur l’élaboration du plan d’actions » explique Candice DOLIGE. En revanche, pour ce qui est du remplissage du référentiel qui permet de mesurer la progression de la collectivité, cette tâche est réalisée en interne par Marine DESLANDES, chargée de mission Economie circulaire et responsable Prévention des déchets. « C’est possible à la fois parce que l’outil est plus accessible sur le volet Economie circulaire que sur le volet CAE mais aussi parce que nous avons eu l’opportunité de nous l’approprier complètement grâce aux formations organisées par l’ADEME auxquelles nous avons participé » souligne celle-ci.
Sur le volet Climat-Air-Energie, c’est l’accompagnatrice financée par l’ADEME qui effectue le travail, et cela semble un vrai plus pour Candice DOLIGE : « Il y a énormément d’items à considérer avec un système de notation extrêmement pointu. Du coup, clairement, je suis très heureuse qu’un bureau d’études puisse passer du temps à estimer et chiffrer notre progression. Moi, je fais le travail de récupérer l’information qualitative auprès de chacun des services, de collationner les documents utiles, de faire des liens. Mais le calcul qui permet de traduire ce travail au sein du référentiel, c’est Carole PIEDVACHE (ETD Energies) qui le fait. Si je devais le faire moi-même, j’y passerais un temps fou. Du coup, grâce au soutien de notre conseillère, j’ai l’opportunité de dédier ce temps-là à faire avancer les actions sur le terrain. »
Ce besoin d’opérationnalité est ressenti au premier chef par le Vice-Président à la Transition écologique : « En tant qu’élu, ce qui sous-tend l’ensemble de mes démarches, c’est toujours le comment et jamais le pourquoi. Lorsque nous avons rédigé nos fiches-actions, par exemple, il n’a pas été question de décrire des intentions. C’aurait été stérile. Nous avons systématiquement veillé à nous ancrer dans le concret. Pour embarquer la population, il faut des exemples parlants, et donc des résultats » martèle-t-il avec le sourire mais aussi beaucoup de conviction.
C’est la raison pour laquelle Granville Terre & Mer a encore assez peu communiqué sur son engagement pour la transition écologique … jusqu’à récemment. En octobre dernier, une large part du magazine intercommunal a, en effet, été consacrée à la dynamique engagée par la Communauté de communes, avec le soutien de l’ADEME. « Pour ce dossier spécial, nous avons pris le temps de recenser et d’organiser graphiquement toutes les actions réalisées et projetées. Ce qui ressort de l’exercice, c’est la cohérence. En regardant le résultat, on mesure bien que la transition écologique est aujourd’hui pleinement intégrée dans tous nos champs d’intervention, même si ce n’était pas gagné d’avance », se félicite Agnès-Anne JOUBERT. Force est, en effet, de reconnaître que les actions mises en avant concernent tous les domaines de compétences de la collectivité : réduction des consommations d’énergie des bâtiments, rationalisation de la flotte de véhicules, développement des transports en commun, réemploi de matériaux de construction, tri à la source des biodéchets, mutualisation d’équipements, etc. « Si nous étions déjà en mouvement sur le volet Climat-Air-Energie, au moment de la signature du COT, le terme « économie circulaire » n’avait jamais été prononcé au sein de GTM. En un an à peine, nous avons fait sortir de terre une politique claire sur le sujet, avec des objectifs à atteindre, des actions définies. Nous avons de nombreux fers au feu, beaucoup de champs d’intervention sur lesquels notre action est aujourd’hui structurée » se réjouit Candice DOLIGE. « On voit aussi clairement apparaître les porosités et les bénéfices croisés entre un certain nombre de démarches, de telle sorte que nous pouvons affirmer qu’aujourd’hui, la transition écologique est véritablement devenue une grille de lecture pour tous nos projets » conclut la Directrice générale des Services avec fierté. « Cela fait déjà un certain temps que GTM essaie de travailler en transversalité (entre élus, entre services) sur un certain nombre de sujets. Cela fait partie de notre identité et nous le revendiquons. Par nature, l’entrée « transition écologique » nécessite cette transversalité. Le programme est donc aussi, pour nous, l’occasion d’avancer un peu plus dans cette dimension-là » renchérit Didier LEGUELINEL en écho.
Représentation graphique des actions recensées Transition Ecologique. Crédit : Marion Nicolle-Beaujard - service communication GTM
Et lorsque l’on interroge celui-ci sur l’importance des étoiles déjà décrochées dans le cadre du dispositif de labellisation adossé au programme Territoire Engagé, le Vice-Président répond avec son franc-parler coutumier : « Ce n’est pas nécessairement une volonté de notre part d’aller chercher les étoiles. On n’est pas au ski. Depuis que je porte ce projet, j’ai toujours déclaré que je me fichais éperdument que GTM soit labellisé ou non ». « En même temps » tempère Candice DOLIGE « cela permet aux services d’avoir un objectif à horizon visible. Par exemple, sur le volet Climat-Air-Energie, quand nous avons réalisé, après un an de travail intensif, que nous n’en étions qu’à 29% du champ des possibles, ça a été un peu déprimant sur le moment. Cranter l’avancement à travers l’obtention d’une puis de deux étoiles, cela permet de ne pas sombrer dans l’immensité de tout ce qu’il y a à faire et d’avancer pas après pas. »
« C’est vrai » reconnait, bon joueur, Didier LEGUELINEL. « Cela met en valeur le travail accompli, cela nous oblige à respecter des objectifs, bien entendu, et c’est aussi un vrai levier de communication, que ce soit à l’interne ou vers les citoyens et acteurs du territoire. Les agents peuvent être légitimement fiers que leur travail soit reconnu et le grand public a, lui aussi, besoin de balises pour comprendre notre progression. Mais, soyons bien clairs, ce ne sera jamais une finalité. La finalité, c’est l’opérationnalisation de la transition écologique ». On le croit volontiers.
Propos recueillis par Nathalie Ricaille.