La renaturation : un moyen de rafraîchir les villes

Rédigé par Marie-Laure Vergain, Bureau d’Appui Territoire Engagé Transition Écologique (BATE)

Arnault Trac, vous êtes responsable du déploiement et des partenariats de « Plus fraîche ma ville », expliquez-nous quelle est la problématique autour du réchauffement des villes ?

Au-delà du confort thermique en milieu urbain, il existe un enjeu sanitaire à terme autour du rafraîchissement des villes. En effet, compte tenu des actuelles perspectives de changement climatique, on estime qu’à l’horizon 2050 il y aura deux fois plus de vagues de chaleur en France. Les canicules seraient alors la première cause de mortalité parmi les impacts de ce changement climatique.

La renaturation en ville fait donc partie des solutions pérennes et durables permettant de rafraîchir les milieux urbains.

Revoir le webinaire

Qu’est-ce que le dispositif « Plus fraîche ma ville » ?

Le dispositif est développé depuis 2023 par une start-up d'Etat, pour accompagner les agents et les élus de collectivités, en métropole et dans les Départements Outre-Mer, dans leurs choix de solutions de rafraîchissement urbain, pour qu’ils soient pérennes et durables.

Ce service numérique public gratuit d'aide à la décision favorise un passage à l'action. Il est ouvert à tous publics, et comporte une partie réservée aux agents et élus des collectivités. Il propose :

• Des outils de diagnostic
• Des fiches de solutions et des retours d’expérience, par catégorie d’espace
• Des indications sur la baisse de température estimée pour ces solutions et sur les bénéfices associés, par exemple sur le cycle de l’eau ou sur la biodiversité, sur les coûts et les possibilités de financements, ainsi que sur la mise en œuvre
• Dans l’espace privé, la possibilité de quantifier les projets de votre collectivité

Bon à savoir : « Plus fraîche ma ville» propose régulièrement des webinaires autour de ce thème. Par ailleurs, un « kit de rafraîchissement » sera prochainement produit par l’ADEME.

En savoir plus et ouvrir son espace collectivité : https://plusfraichemaville.fr/

Pour renaturer la ville, quels outils sont proposés aux collectivités françaises ?

Mathilde Maïsano, chargée de mission "Territoires engagés pour la nature" à l'OFB (Office Français de la Biodiversité), répertorie les outils proposés aux collectivités sur la méthodologie de projet de renaturation, et vous invite à **démarrer votre action à partir de ce que votre territoire a déjà ! **

Connaître son territoire et mobiliser les acteurs de son territoire (habitants, associations, entreprises, etc.), avec la méthode ABC :

• « L'Atlas de la biodiversité communale » est téléchargeable. Il peut être fait à toutes les échelles, communes et EPCI
• Pour co-financer vos projets, vous êtes invités à les déposer sur Aides-Territoires.beta.gouv.fr

Se faire accompagner pour passer à l'action, notamment en cartographiant le territoire pour identifier les secteurs à enjeu :

• 557 collectivités suivent déjà le programme !
• En savoir plus : https://engagespourlanature.ofb.fr/territoires
• Vous êtes invités suivre les résultats du concours « Capitale française de la biodiversité »
• Des animateurs sont à votre disposition. Ils font aussi le lien avec les financeurs (agences de l’eau, autre…).

Les solutions d'adaptation aux changements climatiques : un centre de ressources à votre disposition ici.

Pour en savoir plus sur la démarche TACCT pour progresser vers l’amélioration de votre territoire au changement climatique et avoir des exemples d’actions « Solutions d’adaptation fondées sur la nature » (SafN), cliquez ici.

Pour revoir le webinaire, cliquez ici.

Martin Bé, vous qui êtes le chargé de mission sur ce projet, voulez-vous nous présenter le Plan Canopée de Grenoble Alpes Métropole ?

La Métropole est compétente sur une partie de l’espace public, les communes sur les parcs et jardins urbains et sur les espaces communaux.

Délibéré en février 2022, le plan Canopée vise à augmenter la surface de canopée du territoire urbain à l'horizon 2030 et 2050. Il est conçu autour de 4 axes :

• Axe 1 : Protéger le patrimoine hérité : les arbres, le végétal et les sols
• Axe 2 : Mettre en œuvre une gestion durable et évolutive du patrimoine
• Axe 3 : Développer le patrimoine – planification, pragmatisme et opportunisme
• Axe 4 : Mobiliser les acteurs. La majorité des espaces sont privés, par conséquent les acteurs ont un grand rôle à jouer.

Renaturation des espaces urbains, repérage des arbres, protection réglementaire

Les principales actions mises en œuvre dans le cadre de cette politique sont :

• La renaturation des espaces urbains (par exemple réduction des élagages au profit du port libre des arbres),
• Le repérage des arbres,
• La priorisation et la protection réglementaire dans le PLUi articulée avec les trames vertes et bleues, études sur les essences adaptées aux changements climatiques (espèces indigènes ou non) comme critère de choix parmi d’autres (donc sans s’interdire d’espèce pour garantir une diversité), animation de groupes de travail en interne et avec les communes de la métropole, re-végétalisation des espaces publics (voies vélo, stationnements automobile, centres bourg…).

Inventaire et protection des arbres

En 2023, 7 communes étaient impliquées sur l’inventaire et la protection des arbres, avec 500 arbres classés. En 2024, 10 nouvelles communes sont ajoutées, pour inventorier 6 000 nouveaux arbres et en protéger 3 000 parmi ceux-ci.

Les espaces à renaturer en priorité, pour établir des îlots de fraîcheur, sont établis en croisant la cartographie des températures de surface et la cartographie de la canopée.

Un budget de 5 millions € par an est consacré au plan Canopée et à sa concrétisation.

L’étude sur l’adaptation des essences au changement climatique a coûté 84 000 €ttc. La méthodologie est partageable par son créateur.

Line Lemarchand, vous êtes cheffe de projet au service Bureau d’Études Aménagement des Espaces Publics, voulez-vous nous présenter le cas concret de la Place aux enfants rue Colonel Tanant, à Grenoble ?

Le service Bureau d’Études Aménagement des Espaces Publics est un service commun de Grenoble Alpes Métropole et des villes de Grenoble et Meylan.

Sur les 2 220 m2 aménagés, 555 m2 d’espaces végétalisés ont été créés, et 86 arbres ont été plantés en incluant ceux du square, grâce au fait qu’il y avait peu de réseaux présents dans le sous-sol. Les eaux pluviales sont entièrement infiltrées à la parcelle via des noues paysagères. Des aménagements ludiques permettent de réinvestir l'espace en créant un lieu à multiples usages (mobilier de type anneaux, boucles, passerelles, mais aussi arceaux vélos, borne fontaine…). Le design général des places aux enfants grenobloises a été défini par le designer parisien Alexandre Moronnoz.

Des aménagements transitoires (marquages peints au sol, mobilier) ont été livrés à la rentrée scolaire 2021, suivis d’une période d’expérimentation, d’évaluation et concertation, avant les études pour la réalisation des travaux définitifs, livrés à l’automne 2023.

L’aménagement de la rue présente un coût global de 594 000 € TTC, soit 268 €/m2. La maîtrise d’ouvrage était conjointe entre la Ville de Grenoble et Grenoble Alpes Métropole, qui ont financé le projet sur leurs budgets propres.

Un travail inter-service est fait autour du projet, notamment pour la palette végétale, afin de limiter le risque d’allergie. Les véhicules de secours, le bibliobus et les riverains peuvent circuler sur la voie (il s’agit d’une rue régie par la règlementation d’une zone piétonne).

Découvrir la méthode déployée par Grenoble Alpes Métropole

Guillaume Bastide, référent du programme Territoire Engagé Transition Écologique à l’ADEME, comment la renaturation en ville est-elle prise en compte dans ce programme ?

Cette thématique est reprise dans un ensemble d’actions du référentiel sur lequel les collectivités sont évaluées dans le cadre du programme. Par exemple :

• Connaître les impacts du changement climatique sur les aménagements : les îlots urbains de chaleur
• La végétalisation des abords et des bâtiments (façades, toitures), incluant la prise en compte de la biodiversité
• Déminéraliser les espaces non bâtis
• Valorisation écologique des espaces publics
• Ombrager les espaces de stationnement, limiter l’imperméabilisation des sols